Le cortège s’est ensuite lentement ébroué, remontant la rue Lenepveu, la place du Ralliement puis empruntant le boulevard Foch jusqu’au jardin du Mail où un apéro militant était organisé, notamment au profit des jeunes anti-CPE poursuivis en justice par un pouvoir revanchard. Cela a été bien sûr l’occasion de se retrouver pour les militants politiques, syndicaux et associatifs, pour les jeunes qui s’étaient engagés dans la lutte contre le CPE ou pour les militants de la cause des sans-papiers. Cela a été surtout l’opportunité de fêter la victoire contre le CPE et d’appeler à de nouvelles mobilisations contre l’ordre libéral du Monde, à commencer par celles contre la loi dite de “l’égalité des chances”, contre le CNE (frère jumeau du CPE), et contre la réforme Sarkozy du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA). Ce 1er mai annonce d’autres luttes !
C’est en 1889 à Paris que les délégués d’organisations ouvrières du monde entier se rassemblent pour créer la 2e Internationale (d’où sont issues toutes les organisations politiques du mouvement ouvrier). Lors du Congrès, des délégués américains évoquent leur lutte pour la journée de huit heures et notamment les grèves de mai 1886. Les délégués adoptent alors la résolution suivante : « Le Congrès décide d’organiser, à chaque année, une grande manifestation internationale, pour que dans tous les pays et dans toutes les villes du monde, ce jour-là, les masses laborieuses puissent revendiquer, aux autorités publiques, la réduction légale de la journée de travail à huit heures. Etant donné que la Fédération américaine du travail a décidé, à son Congrès de St-Louis, d’organiser ses manifestations le 1er mai, ce jour est accepté pour la manifestation internationale. »
En 1890, la grève du 1er mai est pour la première fois organisée en France et partout dans le monde. Engels écrit ce 1er mai 1890 : « Au moment où j’écris ses lignes, le prolétariat d’Europe et d’Amérique passe la revue de ses forces, pour la première fois mobilisées en une seule armée, sous un même drapeau et pour un même but immédiat : la fixation légale de la journée normale de huit heures, proclamée dès 1866 par le congrès de l’Internationale à Genève et de nouveau par le congrès ouvrier de Paris en 1889. Le spectacle de cette journée montrera aux capitalistes et aux propriétaires fonciers de tous les pays que les prolétaires de tous les pays sont effectivement unis. Que Marx n’est-il à côté de moi, pour voir cela de ses propres yeux. »
Préface de Friedrich Engels à l’édition allemande du Manifeste Communiste en 1890, in Œuvres Complètes de Marx et Engels, p. 106, Éditions sociales.