Etat des lieux
Les stages sont conçus à l’origine comme une ouverture du monde universitaire sur le monde professionnel. Ces stages, obligatoires en vue de l’obtention du diplôme et importants dans l’optique d’une insertion professionnelle réussie, sont devenus de véritables « Emplois faciles » pour bon nombre d’organismes d’accueil qui, face à l’importante demande des étudiants en quête de stage, profitent de cette situation qui tend à enfermer les jeunes actifs dans la précarité. Ainsi, le Conseil Economique et Social chiffre à 800 000 le nombre de stagiaires chaque année. 90 % des diplômés de niveau Bac+4 et plus ont effectué au moins un stage au cours de leurs études, 50 % en ont effectués au moins trois ou plus (Source APEC). Par ailleurs, les stages obligatoires dans le cursus sont de longues durées et s’étalent sur 4 à 6 mois pour une formation de 3 éme cycle. Certaines écoles de commerce ou d’ingénieurs recommandent à leurs étudiants d’effectuer des stages d’un an ! Résultat, pour majorité des étudiants, la durée totale de travail comme stagiaire dépasse 1 an. Le monde de la recherche est bien évidemment touché par le phénomène, recrutant chaque année des centaines de jeunes, sans indemnité, ni reconnaissance. Mais le stagiaire apparaît aussi comme une véritable force de travail pour les entreprises, administrations et associations. Confrontés à une conjoncture économique difficile, les employeurs ont peu à peu appris à utiliser cette main d’œuvre dont la rémunération n’est pas obligatoire et où les ambitions pédagogiques sont parfois absentes. Il n’est pas rare de voir se succéder indéfiniment des stagiaires sur un même poste, remplaçant un salarié permanent. Plus grave encore, de nombreux diplômés prolongent artificiellement la durée de leurs études à la seule fin de continuer à effectuer des stages. Le statut juridique des stages ne s’est pas adapté à cette évolution. Le droit du travail ignore les stagiaires qui sont considérés comme des étudiants et non des salariés. Ils ne bénéficient d’aucune protection assurée par le droit du travail et ne peuvent prétendre à une rémunération. Sont exonérées de cotisations sociales, les entreprises qui « gratifient » leurs stagiaires, en stage obligatoire conventionné, d’un montant inférieur à 30 % du SMIC. Ainsi, le stagiaire peut s’estimer heureux lorsque que son indemnité atteint 300 euros... tout juste de quoi payer un loyer. A noter que la non rémunération est chose courante, notamment dans le secteur public. De plus, il est souvent demandé aux étudiants de posséder un ordinateur, ou encore une voiture, auquel cas le stage ne leur est pas concédé. A coté de ces aberrations, le stagiaire ne bénéficie d’aucun droit en contre partie de son travail : pas de cotisation pour la retraite ou l’assurance chômage, incompatibilité avec la perception du SMIC, pas de congé, ni RTT etc....
Conséquences sociales
Pour les étudiants, les stages, en remplaçant parfois de vrais postes sont un obstacle supplémentaire à l’insertion des jeunes actifs. Pour le marché du travail et l’économie, les entreprises qui abusent des stages réduisent indûment leur coût de production (dumping social) entraînant une concurrence destructrice ainsi qu’une précarisation des salaires et des conditions de travail. Toute la société est touchée par le statut abusif des stagiaires. Les étudiants sont de plus en plus autonomes tardivement et les familles doivent assurer des coûts accrus pour la formation de leurs enfants. Les stages, critères décisifs pour l’obtention du premier emploi, accentuent les inégalités sociales... ceux qui n’ont pas été en mesure de financer une année ou plus de stages sont disqualifiés dans leur recherche d’emploi.
Ce que réclament les stagiaires
Les revendications du collectif Stagiaires portent sur plusieurs points :
1) L’inscription du statut de stagiaire dans le code du travail.
2) La responsabilisation des parties prenantes (stagiaire/entreprise/université) afin d’assurer le caractère pédagogique du stage et favoriser l’insertion des jeunes actifs.
3) L’instauration d’un revenu minimal (1/2 du SMIC), progressif en fonction du nombre de mois de stage effectués, assujettit aux cotisations sociales.
Pour cela, le collectif des Stagiaires 49 souhaite sensibiliser et mobiliser l’ensemble de la population aux problèmes que rencontrent les étudiants face à cette situation insupportable. Un vrai statut pour les stagiaires n’est qu’une question de volonté politique. Plusieurs actions ont été menées dont la distribution de tracts au sein des divers établissements universitaires ainsi que dans les rues d’Angers. Les futures actions visent à sensibiliser les étudiants du secteur Santé et de diffuser auprès du grand public nos revendications. Des réunions d’information hebdomadaires se déroulent à la Bourse du travail.
Pour contacter le collectif des stagiaires 49 et connaître les dates des réunions : stagiaires_angers@yahoo.fr Pour plus d’information : www.generation-precaire.org