Le 21 novembre, la LCR49 organisait sa première réunion publique sur la question du nouveau parti. La veille, nous avions profité de la journée de manifestations pour distribuer quelques 2000 tracts de quatre pages sur le sujet. Près de 60 personnes ont répondu à cet appel, dont des militants d’AL (Alternative libertaire), de LO (Lutte ouvrière), du PCF, d’ATTAC mais aussi de personnes non-encartées. Après une présentation de 15 minutes sur notre proposition de construction d’un nouveau parti (voir plus bas) et sur l’actualité sociale, un débat s’est engagé avec la salle. Les militants d’AL ont affirmé qu’ils croyaient d’abord aux mobilisations sociales et voyaient avec méfiance la notion de parti ou de centralisme démocratique. D’autres interventions ont été plus positives et prenaient en compte notre volonté d’aboutir dans notre démarche. Une personne ayant milité dans les collectifs anti-libéraux nous déclara qu’elle avait été déçue de l’attitude de la LCR durant la dernière campagne présidentielle mais que notre organisation avait réveillé un espoir avec cette création de nouveau parti. Cependant, selon elle, la Ligue n’a plus le droit à l’erreur. D’autres nous ont indiqué que le processus ne pouvait pas être une histoire de partis politiques et que ceux partant pour cette aventure devraient, à terme, accepter de ne plus exister. Après le débat avec AL, une intervention nous a incité à ne pas baser les discussions sur le marxisme, le troskysme ou l’anarchie mais de faire rêver les gens avec un projet de société d’où pourra découler le programme. La réunion s’est terminée autour d’un verre où chacun a pu continuer à palabrer sur le sujet. D’autres réunions seront prévues dans le département et notamment sur Cholet et Saumur avec une demande pour que certaines soient thématiques.
La violence des attaques de Sarkozy et du MEDEF nécessitent des luttes mais aussi une opposition politique déterminée
Si Sarkozy cogne si fort, ce n’est pas parce qu’il est “volontaire ou agité” mais parce que le MEDEF (son commanditaire) considère que le capitalisme français est “en retard” sur les autres, qu’il y a urgence à accélérer la destruction des conquêtes sociales d’après-guerre (cf. interview de Denis Kessler dans le “Challenge” du 4/10/07). C’est pour cela qu’il s’attaque d’abord aux secteurs symboliques de la résistance des salariés et des jeunes.
On nous annonçait une victoire de la droite en rase campagne. Mais les exemples des retraites, du pouvoir d’achat, de l’autonomie des universités en attestent : les résistances sont possibles.
Ces résistances ont besoin d’un débouché politique, car la seule opposition aujourd’hui c’est la rue.
La gauche traditionnelle est incapable de riposter et de s’opposer
Ce n’est pas un procès d’intention mais un constat : on ne compte plus les socialistes au gouvernement, dans des commissions ou au FMI...
Sur chacune des questions en cours, le PS est en difficulté, car il se situe sur le terrain de la droite : des retraites au logement (cf. coup de gueule de Josiane Balasko), des sans-papiers au pouvoir d’achat en passant par la réforme LRU des universités (autonomie financière des établissements et présidents transformés en chefs d’entreprise).
Le dernier exemple est le traité constitutionnel européen (TCE) : en pleine semaine de mobilisation sociale, la direction du PS se précipite pour dire oui au “mini-traité” (ou plutôt : au “traité sosie” !) et aider Sarkozy à éviter un référendum (alors même que celui-ci reconnait dans le journal britannique Telegraph du 15/11/2007 qu’un référendum sur le TCE serait perdu dans tous les pays de l’Union) !
Par ailleurs, les directions syndicales se refusent à une confrontation et jouent le jeu de la concertation avec le gouvernement et le MEDEF. Elles respectent le calendrier mis en place par ceux-ci : d’abord les régimes spéciaux, puis le contrat de travail puis les retraites pour tous (41 annuités)
Enfin, Les Verts et le PCF, en crise permanente, se contentent de préparer les municipales avec le PS et une hypothétique “alternance” dans un comité de liaison de la « gauche » pour 2012 ! Leurs directions n’ont ni la volonté ni la capacité de se dégager de l’emprise social-libérale et d’aider dès aujourd’hui à la riposte nécessaire.
Deux projets face à face
Hollande et son groupe dirigeant veulent une « fédération de toute la gauche de gouvernement », sous hégémonie sociale libérale, en attendant des alliances avec le MODEM... S’ils dérivent autant vers la droite c’est qu’ils sont convertis au capitalisme et ont renoncé au socialisme.
Nous voulons construire un nouveau parti anticapitaliste et révolutionnaire
- qui soit un parti des luttes, des résistances, des mobilisations ;
- qui refuse la gestion du capitalisme et du système institutionnel et qui se bat pour une rupture avec le capitalisme ;
- un parti internationaliste, écologiste, féministe qui combine l’anticapitalisme et la nécessité de construire une société socialiste débarrassée de toutes les exploitations et de toutes les oppressions.
Un parti comment faire ?
Ces bases permettent selon nous un rassemblement durable. Elles n’épuisent pas toutes les questions mais délimitent une force pour la transformation révolutionnaire de la société.
Nous voulons construire un parti ensemble. Et donc mettre en place un véritable processus de fondation. En élaborant et discutant de son programme, de sa stratégie, de ses références internationales et de son fonctionnement.
Ce rassemblement est ouvert à tous ceux et toutes celles qui souhaitent le construire, quel que soit leur point de départ. Nous voulons regrouper les forces anticapitalistes et révolutionnaires à partir d’un accord sur le programme d’urgence sociale et démocratique comme l’a défendu Olivier Besancenot lors de la campagne présidentielle.
La LCR discute de ce projet dans le cadre de son congrès mais c’est une discussion publique. Nous nous adressons en particulier à celles et ceux qui n’ont jamais milité, aux jeunes et aux moins jeunes. C’est décisif que de nouveaux secteurs s’engagent dans les quartiers, les entreprises, les lieux d’études et de formation... C’est le cœur de notre projet : donner envie de franchir le pas de l’engagement à celles et ceux qui hésitent...et ce parti nous voulons le bâtir ensemble.
Les municipales peuvent être une occasion d’exprimer notre volonté de construire cette nouvelle force en mars prochain. Se présenter ensemble sur une plate-forme politique, mener campagne en lien avec les résistances sociales, c’est aussi affirmer une gauche anticapitaliste indépendante de la gauche institutionnelle et donc commencer à rassembler des forces pour un nouveau parti.
Ce rassemblement pour un nouveau parti est ouvert à tous les courants, groupes en accord avec notre démarche. Aux militants communistes ou socialistes qui ne se reconnaissent plus dans leur parti respectif, aux syndicalistes et aux militants du mouvement social et associatif qui cherchent un débouché politique, aux antilibéraux conséquents comme aux militants révolutionnaires. Ce qui compte c’est l’accord sur le chemin à parcourir, pas le bilan du passé. Si nous n’avons pas de partenaire national en accord avec notre démarche aujourd’hui, c’est un constat, pas un choix. Nous commençons par construire ce parti par le bas, mais nous ne renonçons pas à convaincre des forces et des organisations à rejoindre notre projet.
Le but de ces réunions que nous organisons, c’est qu’elles continuent, qu’elles provoquent l’envie de discuter, d’agir ensemble et de construire ce nouveau parti dont nous avons tant besoin.