Quatre-vingt associations et partis politiques avaient appelé à défiler contre l’EPR. A Rennes, en tête du défilé des organisations politiques, le cortège des sections bretonnes, normandes et ligériennes de la LCR a -selon les moments- réuni entre 300 et 400 personnes. Ce fut de loin le cortège politique le plus dynamique même s’il n’était que le deuxième en nombre (placés juste derrière la LCR, Les Verts ont réuni environ 600 personnes).
Olivier Besancenot marchait en tête du cortège et a attiré à la fois les médias et la sympathie de nombreux manifestants et passants. Il a notamment déclaré : “l’EPR est inutile, il est le symbole de ce que le lobby nucléaire en voie de privatisation essaie d’organiser à l’échelle européenne : des autoroutes de l’énergie. C’est avant tout du business alors que nous sommes déjà en surproduction (...) Il faut associer les travailleurs de l’énergie à ce combat pour arrêter l’EPR et sortir du nucléaire, dans le cadre d’un vrai service public de l’énergie qui investit dans les énergies renouvelables telles que le solaire ou l’éolien”.
Car, l’énergie nucléaire n’est pas une énergie comme les autres. Ce n’est pas seulement la mauvaise utilisation du nucléaire par le capitalisme qui est en cause. On ne peut même pas rêver se débarrasser des problèmes qu’elle pose aux générations actuelles et futures par une gestion “démocratique”, voire “socialiste” des centrales... Même en admettant que la probabilité d’accident y reste faible (ce qui deviendra douteux si la course au profit fait sauter les dernières barrières du service public à EDF), le risque potentiel y est énorme. De plus, rien ne peut garantir qu’une solution technologique pourra jamais être trouvée pour la transmutation / élimination des déchets nucléaires, et elle serait de toutes façons très coûteuse. C’est d’ailleurs pour cela que les nucléocrates veulent les enfouir ! Si l’Humanité réussit à survivre au massacre de la planète par le système capitaliste dans sa course effrénée au profit, elle devra vivre avec ces produits mortels pendant des milliers d’années (la radiotoxicité globale du combustible usé redevient celle du minerai d’uranium d’origine au bout de 250000 ans).
La décision de construction de l’EPR à Flamanville dans la Manche (et des lignes à très haute tension (THT) qui vont avec) est donc une décision très grave. Elle nécessite pour la contrer une mobilisation de grande ampleur, d’autant plus qu’aucun(e) des “grand(e)s” prétendant(e)s au 2e tour des présidentielles n’a an-noncé qu’il ou elle reviendrait sur la décision de construction, au contraire... Sarkozy se déclare ouvertement pour la construction de l’EPR. Bayrou se contente de regretter “les conditions non satis-faisantes du débat public”. Le PS louvoie... Montebourg déclarait encore le 20/02 que “les socialistes maintiendraient probablement le projet de réacteur nucléaire EPR” en cas de victoire à la présidentielle. Un conseiller environnement de S. Royal a corrigé le tir trois jours plus tard en affirmant qu’elle allait “rouvrir le débat”, mais ouvrir un débat n’est pas dire comment il va être tranché ! La vigilance s’impose donc...
Les 5 grandes manifestations anti-EPR du 17 mars ont été une nouvelle étape réussie de la mobilisation. Il faut maintenant l’amplifier jusqu’à obtenir l’abandon de toute relance du nucléaire, et la sortie rapide d’une industrie coûteuse et dangereuse.
(*) Seuls les candidats Olivier Besancenot, José Bové et Dominique Voynet se sont prononcés à ce jour contre l’EPR.