Ligue Communiste Révolutionnaire 49
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Les propositions de la Liste 100% à Gauche
La question des déchets ménagers...
Municipales 2008 - Angers
2008
Les propositions de la Liste 100% à Gauche candidate aux élections municipales d’Angers de mars 2008 sur la question du traitement des déchets.

A) Responsabilité individuelle ou problème politique ?

Beaucoup de campagnes publicitaires culpabilisantes sont faites sur les emballages et les déchets. Pourtant, la réduction de la consommation des emballages ne relève pas seulement d’une prise de conscience individuelle, mais bien d’une modification d’un mode de vie qui a été imposé à la population.

Parmi les facteurs connus de multiplication des emballages (doublement depuis 1960) on relève généralement :

a) l’augmentation du nombre de foyers ;

b) la réduction de la taille des foyers (moins d’emballages « familiaux ») ;

c) l’évolution des habitudes alimentaires ;

d) le temps consacré à l’achat et à la préparation des repas ;

Ces phénomènes ne sont pas l’effet de différents choix individuels qui iraient tous dans le même sens. Il sont directement le résultat de :

-  la domination des grandes surfaces, largement encouragée dans le passé, au détriment des commerces de proximité.

-  la question du pouvoir d’achat, de l’extension de la précarité et de la flexibilité, de la course à la compétitivité.

Derrière la question des déchets se profile donc la manière dont le capitalisme organise la vie des travailleurs. Il s’agit d’un problème essentiellement politique, même si l’éducation civique de tout un chacun demeure nécessaire en la matière.

B) Les réponses des institutions

Les réponses apportées par les pouvoirs publics ou par une organisation para-étatique comme Eco-emballages restent malheureusement dans une logique libérale-étatique : un barème de contribution des industriels est calculé sur le poids et le nombre des emballages ; des normes sont établies par le Comité Européen de Normalisation ; la concurrence est censée obliger les entreprises à concevoir des emballages plus économiques.

Une série de lois, décrets et directives depuis 1975 ont progressivement établi des objectifs de valorisation des déchets par recyclage et compostage. Des « plans départementaux » définissent des objectifs à condition d’exister, ce qui ne semble pas être le cas en Maine-et-Loire. L’organisation en Agglomération, fondée sur un transfert de compétences en la matière, permet de mutualiser les moyens.

L’Agglomération reçoit des soutiens financiers de l’ADEME pour l’investissement et d’Eco-Emballages pour le fonctionnement. C’est donc la population qui en dernière instance est mise à contribution, même s’il existe maintenant un apport des entreprises (insuffisant et que celles-ci font souvent payer au consommateur), même si la collecte sélective génère quelques recettes au niveau de l’Agglomération.

De plus, le tri sélectif mis en place reste en deçà de ce qu’il devrait être. Ainsi beaucoup d’emballages (pots de yaourt, petits flacons...) ne sont pas jugés pouvoir faire l’objet d’un recyclage économiquement viable et continuent à être seulement destinés à l’incinération. Dans le meilleur des cas, une partie de l’énergie de combustion est récupérée pour des usages thermiques.

-  Incinération : une mauvaise solution

Or, l’incinération - qui ne concerne malheureusement pas que les pots de yaourt ! - n’est pas une solution écologiquement acceptable. On connaît les problèmes de l’usine d’incinération de La Roseraie (devenue “polluante” après que les normes d’émission de gaz dangereux eurent été relevées ; en fait, elle l’était déjà avant !). Elle doit fermer prochainement mais il existe un autre incinérateur dans le département, à Lasse. Ce dernier est “aux normes” concernant l’émission de dioxyne mais ces normes ne pourront jamais garantir une sécurité absolue. De plus, ce n’est pas le seul problème lié à l’incinération. Celle-ci génère un tiers des déchets solides dangereux (mâchefers*). Une partie est actuellement utilisée pour les soubassements des routes, sans qu’on en connaisse très bien les méfaits à long terme. Enfin, un incinérateur comme celui de Lasse a besoin de tourner “à plein régime”. Cela implique le drainage par camions des déchets à des dizaines, voire des centaines de kilomètres à la ronde. En plus de la nuisance de la dioxyne et des machefers, s’ajoute donc celle du transport routier !

Les populations rejettent majoritairement cette solution et il est absolument nécessaire que cet avis soit pris en compte par les instances de pouvoir qui cherchent à les imposer en force.

-  Le TMB : La solution miracle ?

Le tri mécano-biologique (TMB) et la méthanisation nous semblent davantage souhaitables, même s’ils ne constituent pas la solution miracle. A ce propos, puisque le choix d’un seul centre TMB paraît être le choix de l’Agglomération, la création de plusieurs centres nous paraît préférable, pour mieux en contrôler les éventuelles nuisances et pour réduire le trafic routier.

-  S’attaquer aux déchets à la source

Plus généralement, il faut s’attaquer à la racine à la production des déchets non biologiques. C’est un problème qui dépasse la municipalité et l’Agglomération, même si celles-ci pourraient jouer un rôle davantage positif. En particulier, l’Agglomération doit appliquer à taux plein aux entreprises la redevance spéciale pour les déchets professionnels assimilés aux déchets ménagers (loi n°92-646 du 13 juillet 1992). Il y a un gros travail à réaliser pour contraindre les industries et les commerçants, en premier lieu les entreprises de la distribution, à réduire fortement les emballages et à les repenser pour qu’ils puissent resservir. Car le recyclage, même sil faut l’encourager, ne peut être une solution suffisante. Il faut donc avant tout favoriser la réutilisation des emballages consignés.

En ce qui concerne les déchets strictement biologiques, l’Agglomération doit mettre en place un véritable tri sélectif en vue de compostage. Il est symptomatique que dans les quelques (rares) poubelles destinées aux ordures ménagères dans la ville d’Angers, il soit recommandé d’y mêler les pots de yaourt !

C) Les propositions de la liste 100% à gauche

Les modes de traitement des déchets ménagers suivants doivent être développés par l’Agglomération :
-  la systématisation du tri avec trois poubelles : une pour les déchets putrescibles, une pour les déchets secs recyclables, une pour les déchets non recyclables ;
-  l’installation de plusieurs unités de méthanisation, de stabilisation et de compostage ;
-  l’installation de plusieurs unités de tri biomécanique (TMB) ;
-  le traitement des déchets au plus près des bassins de production pour éviter la multiplication du transport routier ;
-  la collecte sélective et le traitement spécifique des éléments les plus polluants (piles, déchets toxiques...) ;

Plus généralement, nous revendiquons des produits répondant à une norme de sobriété énergétique et dont l’innocuité est parfaitement démontrée. Il faut développer :
-  la recherche et la mise sur le marché d’emballages biodégradables ;
-  la réduction des emballages et des déchets à la source ;
-  la possibilité d’acheter en vrac (et donc moins cher) garantie aux consommateurs ;
-  des normes très strictes limitant le poids des emballages qui ne peuvent être recyclés ;
-  l’interdiction des méthodes de marketing visant à offrir des cadeaux, notamment aux enfants, pour influencer les choix de consommation.

La Liste 100% à Gauche - Angers



-  Note :

* Mâchefer : résidu solide de la combustion des déchets urbains dans les usines d’incinération ou du charbon et du coke dans les fours industriels. Une circulaire du ministère de l’environnement du 9 mai 1994 détermine les différentes catégories de mâchefers (V, M, S) et leur “aptitude” à la réutilisation en fonction de leur teneur en imbrûlés et du risque de transfert des polluants internes par dissolution (phénomène de lixiviation, c’est à dire solubilisation des métaux lourds). La catégorie S est irrécupérable et doit être stockée...