Ligue Communiste Révolutionnaire 49
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Pour l’abrogation de la loi Pécresse
Contradictoire mobilisation des personnels
Difficultés et progrès de la lutte chez les universitaires
dimanche 9 décembre 2007
Une première mobilisation des universitaires avait eu lieu cet été, lorsque la loi “Libertés et responsabilités des universités” fut votée en urgence. Mais elle était restée cantonnée aux syndicalistes. La grève étudiante a davantage percuté l’attentisme inquiet du monde universitaire, en particulier dans les facs bloquées. Avec des effets contradictoires.

Une partie des personnels s’est polarisée en opposition aux piquets de grève, avec parfois des débordements inadmissibles (*). Celle-là accepte la LRU, soit parce qu’elle lui est favorable, pour une petite minorité derrière les présidents d’université, soit plus largement parce qu’elle ne croit plus possible une alternative à l’explosion d’un service public en détresse et qu’elle se limite à l’horizon d’une survie à court terme. L’appui du camp “ouiste” au processus européen de Lisbonne contribue à ces renoncements (**).

Ces deux dernières semaines toutefois, des signes tangibles d’une mobilisation progressiste sont apparus, que traduit l’audience de plusieurs pétitions. Celle de “Sauvons la Recherche” qui, sans exiger l’abrogation de la loi LRU, en dénonce les dangers et appelle à une autre loi, a recueilli près de 20000 signatures. Des AG ont eu lieu dans la plupart des universités, ainsi que les premières formes de coordination à Paris, qui ont rassemblé des centaines d’universitaires. Aux manifestations du 6 décembre, ceux-ci sont enfin devenus visibles.

Paradoxalement, l’application de la loi peut permettre une prise de conscience encore plus large. La concurrence entre universités va rapidement mettre en difficulté les plus fragiles. La situation des précaires ou des BIATOS va se dégrader. L’instauration d’une dictature des présidents au détriment des conseils d’élus mine la collégialité traditionnelle, et les conflits catégoriels ou de personnes vont en être exacerbés. A la condition que les personnels réussissent à s’extraire du piège de cette collégialité moribonde face à des présidents qui, pour la plupart, ont choisi le camp du pouvoir, les prochains mois peuvent permettre de coordonner les résistances, de leur donner une dimension collective et de dégager, avec les étudiants, des perspectives nouvelles pour un véritable service public universitaire.


(*) Ce ne fut heureusement pas le cas à Angers. Mais des personnels furent manipulés par certains présidents pour forcer violemment les piquets. Et on se souviendra longtemps d’un reportage de FR3 le 29/11/07 montrant le directeur de l’IEP de Grenoble frapper ses étudiants avec une barre de de fer (ce directeur a depuis fait des excuses publiques pour son geste inqualifiable).

(**) Au printemps 2000, les dirigeants européens décidèrent à Lisbonne de faire de l’Union “l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici 2010”. C’est au prétexte de cet objectif très utilitariste (et anti-service public) que les réformes libérales de l’Université s’appliquent dans les différents pays de l’Union, du LMD à l’autonomie budgétaire des établissements, non sans rencontrer de résistances (comme en Grèce l’an passé, en Allemagne, en Angleterre, en Italie...). Le seul objectif de Lisbonne qui ne semble pas près d’être atteint sont les 3% du PIB consacrés au supérieur et à la recherche... En France, les forces syndicales inféodées au PS (UNSA, UNEF...) soutiennent le processus de Lisbonne.